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soupçonnait, loin d’affaiblir le mécontentement public, ne servit qu’à l’irriter. Dès que le petit-fils de Nushirwan eut arboré au-delà du Tigre ses bannières et celles des Romains, la noblesse et le peuple coururent en foule grossir chaque jour son armée ; et, à mesure qu’il avançait, il recevait avec joie de toutes parts les clefs de ses villes et les têtes de ses ennemis. Aussitôt que Modain fut délivré de la présence de l’usurpateur, les habitans obéirent aux premières sommations de Mébodes, arrivé seulement à la tête de deux mille hommes de cavalerie, et Chosroès accepta les ornemens précieux et sacrés du palais comme un gage de leur bonne foi, et un présage de ses prompts succès. Après la jonction des troupes impériales, que Bahram s’efforça vainement d’empêcher, la querelle se décida en deux batailles, l’une sur les bords du Zab, et l’autre sur les frontières de la Médie. [Victoire décisive.]Les Romains, réunis aux fidèles sujets de la Perse, formaient une armée de soixante mille hommes, et l’usurpateur n’en avait pas quarante mille : les deux généraux signalèrent leur valeur et leur habileté ; mais la supériorité du nombre et de la discipline détermina enfin la victoire. Bahram se réfugia avec le reste de ses troupes vers les provinces orientales de l’Oxus : la haine de la Perse le réconcilia avec les Turcs ; [Mort de Bahram.]mais ses jours furent abrégés par le poison, peut-être par le plus incurable de tous, l’aiguillon du remords, et le désespoir et l’amer souvenir de sa gloire perdue. Au reste, les Persans modernes célèbrent encore les exploits de Bahram ; et d’excellentes