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mais il se refusa sagement aux dépenses et aux délais qu’aurait entraînés un voyage du prince fugitif à Constantinople. Chosroès reçut de son bienfaiteur un riche diadème, et un inestimable présent en or et en pierreries. Maurice assembla une puissante armée sur les frontières de la Syrie ; il en donna le commandement au brave et fidèle Narsès[1] ; ce général eut ordre de passer le Tigre, et de ne pas remettre son épée dans le fourreau qu’il n’eût rétabli Chosroès sur le trône de ses aïeux. Cette entreprise si éclatante était moins difficile qu’elle ne le paraissait. [Son retour en Perse.]La Perse se repentait déjà de la fatale imprudence avec laquelle elle avait livré l’héritier de la maison de Sassan à l’ambition d’un sujet rebelle ; et le refus des mages de consacrer l’usurpateur, avait déterminé Bahram à s’emparer du sceptre en dépit des lois et des préjugés de sa nation. Le palais fut bientôt troublé par des conspirations, la capitale par des émeutes, les provinces par des soulèvemens : la cruelle exécution des coupables ou de ceux qu’on

  1. Il y eut dans ce siècle trois généraux du nom de Narsès, qu’on a souvent confondus (Pagi, Critica, t. II, p. 640) : 1o. un Persarménien, frère d’Isaac et d’Armatius, qui, après une bataille heureuse contre Bélisaire, abandonna les drapeaux du roi de Perse, son souverain, et servit ensuite dans les guerres d’Italie ; 2o. l’eunuque qui conquit l’Italie ; 3o. celui qui rétablit Chosroès sur le trône, et est célébré dans le poëme de Corippe (l. III, 220-227), comme excelsus super omnia vertice agmina… habitu modestus… morum probitate placens, virtute verendus, fulmineus, cautus, vigilans, etc.