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livré par le zèle et le courage d’un de ses frères, Bindoès se présenta devant le monarque, à la tête des gardes qu’on avait choisis pour assurer sa détention, peut-être pour lui donner la mort. Effrayé par l’arrivée et les reproches du captif, Hormouz chercha vainement autour de lui des conseils ou des secours ; il découvrit qu’il n’avait de force que l’obéissance de ses sujets ; et il céda au seul bras de Bindoès, qui le traîna du trône dans le même cachot où peu de temps auparavant il se trouvait lui-même. Chosroès, l’aîné des fils d’Hormouz, se sauva de la ville, au commencement de l’émeute. Les instances pressantes et amicales de Bindoès, qui lui promit de l’établir sur le trône et qui comptait régner sous le nom d’un jeune prince sans expérience, le déterminèrent à revenir. De plus, convaincu avec justice que ses complices ne pouvaient ni pardonner ni espérer leur pardon, et qu’il pouvait s’en fier à la haine des Perses de leur décision contre un tyran, Bindoès soumit Hormouz à un jugement public dont on ne trouve que ce seul exemple dans les annales de l’Orient. Hormouz, qui suppliait qu’on lui permît de se justifier, fut amené comme un criminel dans l’assemblée des nobles et des satrapes[1]. On l’écouta avec toute l’attention convenable tant qu’il s’étendit sur les bons effets de l’ordre et de l’obéissance, le danger des innovations, et le tableau des inévitables dis-

  1. Les Orientaux supposent que ce fut Bahram qui convoqua cette assemblée, et proclama Chosroès ; mais Théophylacte est ici plus clair et plus digne de foi.