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protecteur des chrétiens ; et les rebelles, après avoir pieusement égorgé leurs satrapes, furent avoués et soutenus comme les frères et les sujets de l’empereur des Romains. La cour de Byzance ne fit aucune attention aux plaintes de Nushirwan ; Justin céda à l’importunité des Turcs qui lui proposaient une alliance contre l’ennemi commun ; et les forces de l’Europe, de l’Éthiopie et de la Scythie menacèrent au même instant la monarchie de Perse. Âgé de quatre-vingts ans, le souverain de l’Asie eût peut-être désiré pouvoir jouir en paix de sa gloire et de sa grandeur ; mais aussitôt qu’il vit que la guerre était inévitable, [Sa dernière guerre contre les Romains, A. D. 572, etc.]il entra en campagne avec l’ardeur d’un jeune homme, tandis que l’agresseur tremblait dans son palais de Constantinople. Nushirwan ou Chosroès dirigea lui-même le siége de Dara ; et quoique cette forteresse importante eût été laissée dégarnie de troupes et vide de magasins, la valeur des habitans résista plus de cinq mois aux archers, aux éléphans et aux machines de guerre du grand roi. Sur ces entrefaites, Adarman, son général, partit de Babylone pour venir le joindre : il traversa le désert, passa l’Euphrate, insulta les faubourgs d’Antioche, brûla la ville d’Apamée, et vint apporter les dépouilles de la Syrie aux pieds de son maître, dont la persévérance, résistant aux rigueurs de l’hiver, renversa enfin le boulevart de l’Orient. Mais ces pertes, qui étonnèrent la cour et les provinces, produisirent un effet salutaire, puisqu’elles amenèrent le repentir et l’abdication de l’empereur Justin. Le courage reparut dans