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faible impression sur les pages de l’histoire ; et la répétition des mêmes hostilités, entreprises sans motifs, suivies sans gloire et terminées sans effet, ne servirait qu’à épuiser la patience du lecteur. Les princes de Byzance pratiquaient avec soin cet art de la négociation, étranger à la grandeur simple du sénat et des premiers Césars ; et les relations de leurs perpétuelles ambassades[1] n’offrent jamais qu’un retour prolixe et monotone du langage de la fausseté et de la déclamation, du tableau de l’insolence des Barbares et des serviles dispositions des Grecs tributaires. Déplorant la stérile abondance des matériaux que j’avais à employer, j’ai travaillé à resserrer la narration d’un si grand nombre d’entreprises peu intéressantes ; mais j’ai cru devoir m’arrêter sur le règne de Nushirwan-le-Juste, qu’on regarde encore comme le modèle des rois de l’Asie, et sur Chosroès, son petit-fils, qui prépara cette révolution exécutée si peu de temps après par les armes et la religion des successeurs de Mahomet.

Conquête de l’Yémen par Nushirwan. A. D. 570, etc.

Dans le cours de ces vaines altercations qui précèdent et justifient les querelles des princes, les Grecs et les Barbares s’étaient accusés mutuellement d’avoir violé la paix conclue entre les deux empires environ quatre années avant la mort de Justinien. Le souverain de la Perse et de l’Inde voulait subju-

  1. Voyez les ambassades de Ménandre, extraites et recueillies dans le onzième siècle par ordre de Constantin Porphyrogenète.