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furent partagés comme tributaires entre les étrangers, et on leur imposa, sous le nom d’hospitalité, l’obligation de payer aux Lombards le tiers des productions de la terre. En moins de soixante-dix ans, on adopta sur les propriétés un système de redevance beaucoup plus simple et plus solide[1]. Le Lombard, abusant de la force, dépouillait et chassait le propriétaire romain ; ou bien celui-ci, pour se racheter du tribut du tiers des productions, cédait, par une transaction un peu plus équitable, une certaine quantité de terres. Sous ces maîtres étrangers, les blés, les vins et les olives étaient cultivés par des esclaves ou par les naturels, tous les jours moins habiles dans les travaux de l’agriculture ; mais la paresse des Barbares s’accommodait mieux des soins d’une vie pastorale. Ils rétablirent et améliorèrent dans les riches pâturages de la Vénétie, la race des chevaux qui avait autrefois rendu cette province célèbre[2] ; et les Italiens virent avec étonnement la propagation

  1. Paul, l. II, c. 31, 32 ; l. III, c. 16. Les lois de Rotharis, publiées A. D. 643, n’offrent aucun vestige de ce tribut du tiers des productions ; mais elles présentent plusieurs détails curieux sur l’état de l’Italie et les mœurs des Lombards.
  2. Les haras de Denis de Syracuse et les victoires qu’il remporta si souvent aux jeux olympiques avaient répandu chez les Grecs la réputation des chevaux de la Vénétie ; mais leur race ne subsistait plus au temps de Strabon (l. V, p. 325). Gisulf obtint de son oncle generosarum equarum greges. (Paul, l. II, c. 9.) Les Lombards introduisirent ensuite en Italie caballi sylvatici, des chevaux sauvages. (Paul, l. IV, c. 11.)