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Danube et de l’Elbe ; ils exterminèrent plusieurs tribus de Bulgares et d’Esclavons ; et ce qui resta de ces deux nations devint tributaire et vassal sous le drapeau des Avares. Le Chagan, c’est ainsi que se nommait leur roi, affectait toujours de cultiver l’amitié de l’empereur ; et Justinien songeait à les établir dans la Pannonie, afin de balancer la force des Lombards ; mais la vertu ou la perfidie d’un Avare annonça la secrète inimitié et les ambitieux desseins de ses compatriotes ; et ils se plaignirent hautement de la politique timide et jalouse de la cour de Constantinople, qui retenait leur ambassadeur, et leur refusait les armes qu’on leur avait permis d’acheter dans la capitale de l’empire[1].

Ambassades des Turcs et des Romains. A. D. 569-582.

C’est peut-être à une ambassade des vainqueurs des Avares[2] qu’il faut attribuer le changement qui se fit remarquer alors dans la disposition des empereurs. Le ressentiment des Turcs n’était point ra-

  1. Les détails sur les ambassades et les premières conquêtes des Avares, se trouvent dans Ménandre (Excerpt. légat., p. 99, 100, 101, 154, 155) ; Théophane, p. 196 ; Historia Miscella, l. XVI, p. 109 ; et saint Grégoire de Tours, l. IV, c. 23, 29 ; dans les Historiens de France, tom. II, p. 214, 217.
  2. Théophane (Chron., p. 204), et l’Historia Miscella (l. XVI, p. 110), selon l’interprétation que donne M. de Guignes (t. I, part. II, p. 354) semblent parler d’une ambassade turque auprès de Justinien ; mais il est sûr que celle de Maniach, dans la quatrième année du règne de Justin, successeur de Justinien, est la première qui vint à Constantinople. Menander, p. 108.