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ville, que la longueur du siége avait rendue plus chère à son orgueil, dédaigna l’antique gloire de Milan ; et Pavie fut, durant quelques générations, la capitale du royaume d’Italie[1].

Alboin est assassiné par sa femme Rosamonde. A. D. 573. Juin 28.

Le règne d’Alboin fut brillant et de peu de durée : et avant d’avoir pu régler ses nouvelles conquêtes, ce prince périt victime d’une trahison domestique et de la vengeance de sa femme. Il célébrait une orgie avec ses compagnons d’armes dans un palais près de Vérone, qui n’avait pas été bâti pour les Barbares ; l’ivresse était la récompense de la valeur, et le roi fut entraîné par le plaisir de la table, ou par la vanité, à passer la mesure ordinaire de son intempérance. Après avoir vidé des coupes sans nombre de vin de Rhétie ou de Falerne, il demanda le crâne de Cunimund, l’ornement le plus noble et le plus précieux de son échansonnerie. Les chefs lombards, qui se trouvaient à sa table, poussèrent d’horribles acclamations de joie, en voyant cette coupe de la victoire. « Remplissez-la de nouveau, remplissez-la jusqu’au bord, s’écria le vainqueur inhumain ; portez-la ensuite à la reine, et priez-la de ma part de se réjouir avec son père. » Rosamonde, prête à suffoquer de douleur et de rage, eut cependant la force de répondre, « Que la volonté de mon seigneur soit

  1. Voyez sur la conquête de l’Italie, les matériaux rassemblés par Paul (l. II, c. 7-10, 12, 14, 25, 26, 27), le récit éloquent de Sigonius (t. II, De regno Italiæ, l. I, p. 13-19), et les Discussions exactes et critiques de Muratori (Annali d’Italia, t. V, p. 164-180).