Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/320

Cette page a été validée par deux contributeurs.

militaire ; quatre hommes robustes l’élèvent sur un bouclier ; il s’y tient debout pour recevoir l’adoration de ses sujets et la bénédiction du patriarche, qui sanctifie leur choix en posant le diadème sur la tête d’un prince orthodoxe. [Règne de Justin II ou le Jeune. A. D. 565, 15 nov. A. D. 574. Décemb.]L’hippodrome était déjà rempli de monde ; et dès que l’empereur se montra sur son trône, on entendit retentir également les acclamations de la faction des Bleus et de celle des Verts. Dans les discours adressés au peuple et au sénat, Justin promit de réformer les abus qui avaient déshonoré la vieillesse de son prédécesseur ; il professa les maximes d’une administration juste et bienfaisante, et déclara qu’aux calendes de janvier[1], dont on n’était pas éloigné, il ferait revivre dans sa personne le nom et la libéralité d’un consul romain. [Son consulat. A. D. 566, 1 janvier.]Il donna, en payant sur-le-champ les dettes de son oncle, un gage solide de sa bonne foi et de sa générosité ; une longue file de porte-faix chargés de sacs remplis d’or s’avança au milieu de l’hippodrome, et les créanciers de Justinien, qui ne conservaient plus d’espoir, reçurent comme un don volontaire ce payement bien juste en lui-même. En moins de trois ans, l’impératrice Sophie imita et surpassa son exemple ; elle releva de la détresse une foule de citoyens indigens accablés sous le poids

  1. On est étonné que Pagi (Critica in Annal. Baron., t. II, p. 639), sur la foi de quelques chroniques, ait voulu contredire le texte clair et décisif de Corippe (Vicina dona, l. II, 354 ; Vicina dies, l. IV), et ne placer le consulat de Justin qu’à A. D. 567.