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jadis alliés d’Athènes[1]. À l’orient, les Turcs attaquaient la Chine toutes les fois que la vigueur de ce gouvernement se relâchait. L’histoire nous apprend qu’ils abattaient leurs faibles ennemis, comme la faux fait tomber dans un champ le chanvre et les herbages, et que les mandarins applaudirent à la sagesse d’un empereur qui repoussa les Barbares avec des lances d’or. L’étendue de l’empire des Turcs détermina un de leurs souverains à établir sous lui trois principautés subordonnées, confiées à des princes de son sang, qui oublièrent bientôt ce qu’ils lui devaient de reconnaissance et de fidélité. Le luxe, fatal à tous les peuples, excepté à un peuple industrieux, avait énervé les conquérans ; la Chine exhorta les nations vaincues à recouvrer leur indépendance ; et le règne des Turcs ne dura que deux siècles. C’est à une époque bien postérieure que cette nation et son empire ont reparu dans les contrées méridionales de l’Asie ; et je laisserai dans l’oubli les dynasties qui succédèrent à leurs premiers souverains, puisque leur histoire n’a point de rapport avec la décadence et la chute de l’Empire romain[2].

  1. On trouve dans un Mémoire de M. de Boze (Mém. de l’Acad. des inscript., t. VI, p. 549-565) la liste des anciens rois et des médailles du Bosphore Cimmérien. L’Oraison de Démosthènes contre Leptines (Reiske, orator. græc., t. I, p. 466, 467), parle de la reconnaissance d’Athènes.
  2. Les détails recueillis du chinois, qu’on vient de lire sur l’origine et les révolutions de l’empire turc, sont tirés de M. de Guignes (Hist. des Huns, t. I, part. 2, p. 357-