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enfermait dans un sac et on jetait dans la rivière ou dans la mer le parricide qui violait les lois de la nature et de la reconnaissance : on ajouta successivement à cette peine, en renfermant dans le sac qui le contenait, un coq, une vipère, un chien et un singe, comme les compagnons qui lui convenaient le mieux[1]. L’Italie ne produit pas de singes ; mais on ne put s’apercevoir de ce défaut que vers le milieu du sixième siècle, époque où l’on vit pour la première fois un parricide[2]. 4o. Le crime d’un incendiaire. On le battait d’abord de verges et on le

    p. 22, 23.) Je croirais plutôt que ces effervescences de crime, telles que l’année 1680 en France, sont des accidens et des monstruosités qui ne laissent point de traces dans les mœurs d’une nation.

  1. Les Douze-Tables et Cicéron (pro Roscio Amerino, c. 25, 26) ne parlent que du sac. Sénèque (Excerpt. controvers., V, 4) y ajoute les serpens. Juvénal a pitié du singe qui n’avait fait aucun mal (innoxia simia, satir. XIII, 156) ; Adrien (apud Dositheum magistrum, l. III, c. 16, p. 874, 876, avec la note de Schulting), Modestinus (Pandect., XLVIII, tit. 9, leg. 9), Constantin (Code, l. IX, tit. 17), et Justinien (Institutes, l. IV, tit. 18), désignent tout ce qu’on menait dans le sac du parricide. Mais on simplifiait, dans la pratique, ce supplice bizarre. Hodie tamen vivi exuruntur vel ad bestias dantur. (Paul, Sentent. recep., l. V, tit. 24, p. 512, édit. de Schulting.)
  2. Le premier parricide qu’on ait vu à Rome fut L. Ostius, après la seconde guerre punique. (Plutarque, in Romulo, t. 1, p. 57.) Durant la guerre des Cimbres, P. Malleolus se rendit coupable du premier matricide. (Tite-Live, Epitom., l. LXVIII.)