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appartient au préteur ; si c’est un dépôt, ce mérite est du côté de celui qui l’a reçu ; mais lorsqu’il est question d’un prêt sur gage, ou de ces autres dispositions fondées sur un intérêt réciproque, un équivalent compense le bienfait ; et la nature de la transaction modifie le devoir de la restitution. La langue latine exprime d’une manière heureuse la différence essentielle qui se trouve entre le commodatum et le mutuum, que la pauvreté de notre idiome est réduite à confondre sous la dénomination vague et commune de prêt. Dans le premier cas, l’emprunteur devait rendre la chose même qu’il avait reçue pour sa commodité ; dans le second, la chose prêtée était destinée à sa consommation, et il remplissait l’engagement mutuel, en y substituant la valeur spécifique de cette chose, d’après l’évaluation de la quantité, du poids et de la mesure. Dans un contrat de vente, l’acheteur acquiert la possession absolue, et il paye cet avantage au moyen d’une somme équivalente d’or ou d’argent, métaux qui sont le prix et la mesure universelle de toutes les possessions de ce monde. L’obligation d’un autre contrat, celui de la location ou des baux, est plus compliquée. On peut louer pour un temps fixe des terres ou des maisons, le travail ou l’industrie d’un individu ; à l’expiration de ce temps, on doit rendre la chose au propriétaire, en y ajoutant de plus une compensation pour l’avantage qu’on en a retiré. Dans ces contrats lucratifs, auxquels il faut joindre ceux de société ou de commission, les gens de loi supposent quelquefois la livraison de l’ob-