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raux du portrait des Esclavons et des Bulgares, mais sans chercher à fixer les bornes des lieux habités par ces peuplades, que les Barbares eux-mêmes ou connaissaient à peine ou respectaient peu. On les jugeait plus ou moins dignes d’attention, selon qu’ils se trouvaient plus ou moins voisins de l’empire, et les Antes[1], tribus d’Esclavons qui fournirent à Justinien une occasion d’ajouter un nom de plus à la liste de ses conquêtes[2], occupaient les plaines de la Moldavie et de la Valachie. Ce fut contre les Antes qu’il éleva les fortifications du Danube ; et l’empereur ne négligea rien pour s’assurer l’alliance d’un peuple établi sur la route directe des incursions des peuples septentrionaux, auxquels servait de canal cet intervalle qui s’étend durant un espace de deux cents milles, entre les montagnes de la Transylvanie et le Pont Euxin. Mais les Antes n’avaient ni le pouvoir, ni la volonté de contenir ce torrent ; et cent tribus d’Esclavons armés à la légère arrivaient sur les traces de la cavalerie des Bulgares, qu’ils éga-

  1. Antes corum fortissimi… Taysis qui rapidus et vorticosus in Histri fluenta furens devolvitur. (Jornandès, c. 5, p. 194, édit. Muratori ; Procope, Goth., l. III, c. 14, et De ædific., l. IV, c. 7.) Le même Procope dit que les Goths et les Huns étaient voisins, γειτονο‌υντα, du Danube. (De ædif., l. IV, c. l.)
  2. Le titre d’Anticus que prit Justinien dans les lois et les inscriptions, fut adopté par ses successeurs ; et le respectueux Ludewig le justifie, in vit. Justinian., p. 515. Il a fort embarrassé les gens de loi du moyen âge.