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plus célèbres. On leur donna de plus celui de Cassiens et de Pégasiens ; mais, par un renversement bizarre, Pégase[1], timide esclave de Domitien, défendait la cause populaire ; et le favori des Césars était représenté par Cassius[2], qui se faisait gloire de descendre de Cassius, le meurtrier du tyran de sa patrie. L’édit perpétuel termina en grande partie les disputes des deux sectes. L’empereur Adrien, pour cet important ouvrage, préféra les chefs des Sabiniens ; les partisans de la monarchie l’emportèrent ; mais la modération de Salvius-Julien réconcilia peu à peu les vainqueurs et les vaincus. Les jurisconsultes du siècle des Antonins imitèrent les philosophes de leur temps ; ils dédaignèrent l’autorité d’un maître, et prirent dans chaque système les opinions qui leur parurent les plus vraisemblables[3] ; mais leurs écrits auraient été moins volumineux s’il y eût eu plus d’accord dans leur choix. Le nombre et le poids des

    le louer de son impartialité entre des sectes entièrement éteintes.

  1. Au premier mot il vola au conseil qu’on tint sur le turbot. Toutefois Juvénal (Sat. IV, 75-81) appelle ce préfet ou bailli de Rome, Sanctissimus legum interpres. L’ancien Scholiaste dit qu’on l’appelait, non pas un homme, mais un livre, d’après sa science. Il avait pris son nom singulier de Pégase d’une galère de ce nom qu’avait commandée son père.
  2. Tacite, Annal. XVII, 7 ; Suétone, in Nerone, c. 37.
  3. Mascou, De sectis, c. 8, p. 120-144 ; De heriscundis, terme de loi qu’on appliquait à ces jurisconsultes éclectiques. Herciscere est synonyme de dividere.