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mais il faut avouer que l’homme lui-même a travaillé avec soin à sa destruction. L’établissement des grandes villes, qui enferment une nation dans l’enceinte d’une muraille, réalise presque le vœu de Caligula, qui désirait que le peuple romain n’eût qu’une seule tête. [A. D. 526. 20 Mai.]On dit que deux cent cinquante mille personnes périrent lors du tremblement de terre d’Antioche, qui arriva dans un temps où la fête de l’Ascension avait attiré un grand nombre d’étrangers. [A. D. 551. 9 Juillet.]La perte de Béryte[1] fut moins considérable, mais bien plus importante. L’école des lois civiles, qui menait à la fortune et aux dignités, rendait célèbre cette ville de la côte de Phénicie : ce que le siècle pouvait fournir de génies naissans, remplissait cette école ; et le tremblement de terre y engloutit peut-être plus d’un jeune homme fait pour devenir le fléau ou le défenseur de son pays. Au milieu de ces désastres, l’architecture est l’ennemie du genre humain. La hutte d’un sauvage ou la tente d’un Arabe sont alors renversées sans accident pour ceux qui l’habitent ; et les Péruviens se moquaient avec raison de la sottise des Espagnols, qui élevaient à si grands frais et avec tant de peine des habitations qui devaient leur

  1. Heineccius (p. 351-356) traite de ce qui regarde l’université, la splendeur et la ruine de Béryte, comme d’une partie essentielle de l’histoire de la jurisprudence romaine. Cette ville fut détruite la vingt-cinquième année du règne de Justinien, A. D. 551, le 9 juillet. Théophane, p. 192. Mais Agathias (l. II, p. 51, 52) ne place le tremblement de terre qu’après la conquête de l’Italie.