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petite barque des Lombards se tint à flot ; ils descendirent peu à peu vers le midi et vers le Danube ; et quatre siècles après, on les voit reparaître avec leur ancienne valeur et leur ancienne célébrité. Leurs mœurs conservaient leur férocité première. Malgré les lois de l’hospitalité, un prince des Hérules fut égorgé sous les yeux et par l’ordre de la fille du roi, blessée de quelques paroles insultantes qu’il s’était permises contre elle, et dont les espérances avaient été trompées par ses proportions peu héroïques. Le roi des Hérules, frère de ce malheureux prince, imposa un tribut aux Lombards pour venger cet assassinat. L’adversité ranima chez eux le sentiment de la modération et de la justice ; et l’insolence avec laquelle les Hérules, établis dans le midi de la Pologne, usèrent de leur victoire, fut bientôt punie par leur défaite et leur dispersion[1]. Les victoires des Lombards leur valurent l’amitié des empereurs ; et, à la sollicitation de Justinien, ils passèrent le Danube, afin de réduire, suivant leur traité, les villes de la Norique et les forteresses de la Pannonie. Mais l’amour du pillage les porta bientôt au-delà des vastes limites de ces provinces ; ils errèrent sur la côte de la mer Adriatique jusqu’à Dyrrachium ; et leur brutale fami-

  1. Deux faits du récit de Paul Diacre (l. I, c. 20) ont rapport aux mœurs de cette nation : 1oDum ad tabulam luderet, tandis qu’il jouait aux dames ; 2oCamporum viridantia lina. La culture du lin suppose une division des propriétés, du commerce, de l’agriculture et de l’industrie.