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assiégé par les troupes de Narsès. Le roi des Goths se rendit des Alpes au pied du mont Vésuve, par des marches rapides et secrètes, afin de donner des secours à son frère ; il éluda la vigilance des chefs romains, et établit son camp sur les bords du Sarnus ou Draco[1], qui de Nocera vient tomber dans la baie de Naples. La rivière séparait les deux armées. Soixante jours se passèrent en combats livrés de loin et sans aucun résultat ; et Teias garda ce poste important, jusqu’au moment où il se vit abandonné par sa flotte, et prêt à manquer de vivres. Il gagna malgré lui le sommet du mont Lactaire, où les médecins de Rome, depuis le temps de Galien, envoyaient leurs malades respirer un air pur et se nourrir d’excellens laitages[2] ; mais les Goths formèrent bientôt le noble projet de descendre de la colline, de renvoyer leurs chevaux, de mourir les armes à la main et libres encore. Teias se mit à leur tête ; il

  1. Le Δρακων de Procope (Goth., l. IV, c. 35) est évidemment le Sarnus. Cluvier (l. IV, c. 3, p. 1156) a osé accuser ou altérer violemment le texte ; mais Camille Pellegrini, de Naples (Discorsi sopra la Campania felice, p. 330, 331), a prouvé, d’après d’anciens registres, que dès l’année 822 cette rivière était appelée le Dracontio ou le Draconcello.
  2. Galien (De Methodo Medendi, l. V. apud Cluvier., l. IV, c. 3, p. 1159, 1160) décrit la situation élevée, l’air pur et le lait nourrissant du mont Lactaire, si connus et si recherchés au temps de Symmaque (l. VI, epist. 18), et de Cassiodore (Variar., XI, 10). On n’en retrouve aujourd’hui que le nom de la ville de Lettere.