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courir Ruscianum ou Rossano[1], forteresse située à soixante stades des ruines de Sybaris, et dans laquelle les nobles de la Lucanie avaient cherché un asile. À la première tentative une tempête dispersa la flotte romaine. La seconde fois elle approcha du bord ; mais elle vit les collines remplies d’archers, le lieu du débarquement défendu par une forêt de lances, et le roi des Goths impatient de livrer bataille. Le vainqueur de l’Italie se retira en soupirant, et continua de languir sans gloire et dans l’inaction jusqu’au moment où Antonina, qui était allée demander des secours à Constantinople, obtint son rappel après la mort de l’impératrice.

Dernier rappel de Bélisaire A. D. 548. Sept.

Les cinq dernières campagnes de Bélisaire durent affaiblir la jalousie de ses compétiteurs, qu’avait éblouis et irrités l’éclat de ses premiers exploits. Au lieu d’affranchir l’Italie de la domination des Goths, il avait erré en fugitif le long de la côte, sans oser pénétrer dans l’intérieur du pays, ni accepter les défis réitérés de Totila. Toutefois, dans l’opinion du petit nombre de ceux qui savent distinguer les projets et les événemens, et comparer les moyens avec ce qu’il s’agit d’exécuter, il parut un plus grand capitaine qu’à l’époque de prospérité où il mena deux rois

  1. Le nom de Ruscia, le Navale Thuriorum, fut transféré à soixante stades de là à Ruscianum (Rossano), archevêché qui n’a point de suffragant. Le territoire de la république de Sybaris compose aujourd’hui les domaines du duc de Corigliano. Voyez Riedesel, Voyages dans la Grande-Grèce et en Sicile, p. 166-171, édit. angl.