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l’orgueil et l’incontinence de Cyrus et de Sergius, ses deux neveux, auxquels il avait imprudemment confié les gouvernemens de Tripoli et de la Pentapole. Une tribu de Maures campait sous les murs de Leptis, afin de renouveler son alliance et de recevoir du gouverneur les présens accoutumés. Quatre-vingts de leurs députés furent introduits dans la ville comme alliés ; mais sur un vague soupçon de conspiration on les égorgea à la table de Sergius, et le cri de guerre et de vengeance retentit dans toutes les vallées du mont Atlas, depuis les deux Syrtes jusqu’aux bords de l’Océan Atlantique. Une offense personnelle, l’injuste exécution ou le meurtre de son frère, rendit Antalas ennemi des Romains. La défaite des Vandales avait autrefois signalé sa valeur ; il montra en cette occasion des sentimens de justice et de prudence remarquables dans un Maure. Tandis qu’il réduisait Adrumète en cendres, il avertit l’empereur que le rappel de Salomon et de ses indignes neveux assurerait la paix de l’Afrique. L’exarque sortit de Carthage avec ses troupes ; mais à six journées de cette ville, et aux environs de Tébeste[1],

  1. Aujourd’hui Tibesch, dans le royaume d’Alger. Elle est arrosée par une rivière, le Sujerass, qui tombe dans le Mejerda (Bagradas). Tibesch est encore remarquable par ses murs de grandes pierres semblables à ceux du Colisée de Rome, par une fontaine et un bosquet de châtaigniers. Le pays est fertile ; et on trouve dans le voisinage les Bérébères, tribu guerrière. Il paraît, d’après une inscription, que la route de Carthage à Tébeste fut construite sous le règne d’Adrien, par la troisième légion. Marmol. (Descrip-