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le chœur répond en faisant des accords. Leurs airs sont peu variés, mais ils composent les paroles avec la plus grande facilité ; un jour que j’allais à M’Sapéré, des pigeons qui, volaient dans cette direction, passèrent au-dessus de ma pirogue ; les rameurs chantaient une de leurs chansons habituelles ; à la vue des pigeons, l’un d’eux improvisa immédiatement ; "Pigeons, qui volez si vite, vous arriverez avant moi à M’Sapéré, dites à mon amie que je viens auprès d’elle, etc., etc".

On peut dire que les Malgaches n’ont pas de religion. "Ils sçavent bien, dit Flacourt, qu’il y a un Dieu, mais ils ne le prient ny l’adorent, n’ayans ny temples ny autels ; ils sacrifient des bœufs quand ils sont malades, et qu’ils ont fait quelque songe qui leur fait peur. Ou quand ils ont vu en dormant leur père et leur mère, ils sacrifient proche leur tombeau quelque beste, dont ils jettent un morceau pour le diable et un autre morceau pour Dieu ; tous leurs sacrifices ne sont une partie que pour manger de la viande : car ils ne adressent à Dieu aucune prière, si ce n’est quelque particulier qui sera plus sage et plus advisé que les autres…… en lui demandant des richesses, des bœufs, des esclaves, de l’or, de l’argent et des choses temporelles ; mais pour les spirituelles ils n’y pensent point.

Il ne pratiquent, dit M. le docteur Monestier, qu’un fétichisme grossier, quoique généralement ils aient l’idée d’un Dieu juste et rémunératuer. Les rares Malgaches qui ne sont ni christianisés, ni arabisés, reconnaissent un bon et un mauvais principe, aiment le surnaturel comme tous les gens naïfs, et