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ressemble à une pagaïe ; l’embarcation vide, étant alors très élevée sur la partie de derrière, occupe moins de surface dans l’eau, et un seul homme pourrait, pendant quelque temps, la faire filer 4 à 5 milles à l’heure.

Vide, cette embarcation entre à peine dans l’eau dont elle ne fait pour ainsi dire qu’effleurer la surface ; chargée, elle y pénètre au plus de 4 à 6 pouces. Dans ce dernier état, on est obligé de veiller avec soin à ce que l’air contenu dans les outres ne s’échappe pas, et à faire de nouveau les insufflations pour remplacer l’air que la pression tend à chasser par d’imperceptibles ouvertures.

Il est facile de comprendre de quelle utilité est le balsa sur des côtes où les brisants de la mer interdisent tout moyen de communication autre que celui que je viens de décrire. C’est sur les balsas que se débarquent les articles de commerce destinés à l’intérieur du Chili et du Pérou. Le faible tirant d’eau de ces balsas leur permet de traverser avec confiance les brisants les plus redoutables, sans même que les objets qu’ils transportent soient mouillés, tandis que le canot le plus solide et l’embarcation la plus légère seraient infailliblement engloutis s’ils tentaient de pareils voyages.

Les commerçants qui habitent ces parages sont tellement familiarisés avec ce genre de navigation que jamais on ne conçoit la moindre crainte sur leur départ ou sur leur arrivée. Les ressauts que forme la mer qui rugit avec une horrible fureur sur ces brisants, glacent le voyageur d’un effroi involontaire, et, malgré l’intime conviction de l’absence