Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée

Cette relation, dont je n’ai donné qu’un extrait, est fort curieuse et ouvre un vaste champ aux suppositions. Bien qu’elle exagère beaucoup les progrès des Arabes à Madagascar, elle démontre l’ancienneté de leur établissement dans cette île, et leur connaissance des îles voisines.

Il ne faudrait pas conclure, en effet, de l’incertitude et de l’obscurité des passages cités plus haut, que les navigateurs arabes n’ont pas connu les Comores bien avant Edrisi et Ibn-Saïd. Doués au suprême degré de l’esprit mercantile, les Arabes ont été des découvreurs hardis et infatigables ; mais tous leurs voyages d’exploration, entrepris au point de vue du négoce et non de la science, par l’initiative individuelle, n’ont pas eu d’historiens. Peut-être se mêlait-il à la réserve de leurs voyageurs un peu de la jalousie des Phéniciens et des Carthaginois qui tenaient soigneusement secrètes leurs découvertes, craignant de s’attirer, pour le commerce, la concurrence des autres peuples.

En résumé, cette revue, sans doute fort incomplète, laisse dans la plus grande incertitude l’époque de la découverte des Comores, les auteurs de cette découverte, et l’origine de leurs premiers habitants ; elle permet seulement de faire, sur tous ces points, des suppositions plus ou moins hasardées. C’est maintenant l’étude du pays et surtout des traditions locales qu’il faut demander si ces suppositions sont conformes à la réalité.

§ 4.