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carcan, et l’amende. L’emprisonnement n’est pas considéré comme une peine, car le comble du bonheur, pour un nègre ou un Antalote, serait d’être logé et nourri, fût-ce en prison, à condition de n’avoir rien à faire. Avant tout, le système pénal est essentiellement fiscal, ce qui permet aux riches de se tirer d’affaire en payant des amendes plus ou moins considérables. Il n’y a guère que les pauvres qui subissent les peines corporelles. Les meurtres et les blessures volontaires sont très rares ; le tempérament indolent des Comoriens ne comporte pas l’extrême violence ; ils sont quelquefois froidement cruels, mais ils s’emportent rarement. En revanche, les vols sont très fréquents. Autrefois on les punissait de la perte d’une ou des deux mains, d’un œil, d’une oreille, ou du nez. Depuis l’avènement d’Abdallah II ces mutilations sont devenues rares et tombent en désuétude ; on les remplace par un nombre respectable de coups de bâton et le travail forcé. L’adultère est assez fréquent, mais, à part le cas où il est commis par une esclave, il n’est ordinairement puni que d’une forte amende. Anjouan n’a pas d’industrie particulière. Son commerce est plus important que celui de Mohéli et de la Grande Comore. Chaque année, des boutres, se rendant de Bombay et de Zanzibar à Madagascar, y laissent des produits de l’Inde, de l’Arabie et de la côte d’Afrique ; ils y apportent, à leur retour de Madagascar, le riz nécessaire à la consommation et, peut-être, quelques travailleurs libres. Tous les ans un ou deux navires anglais ou américains l’approvisionnent d’étoffes, de draps rouges, noirs ou verts, de