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un aspect féodal qui me rappela les vieilles maisons fortes des villages de Franche-Comté. La vue de la ville me dédommagea de mon ascension. Du château la vue plonge dans toutes les cours pleines de femmes, d’enfants et d’esclaves. M’Samoudou est extrêmement compacte et sa population, en y comprenant celle du faubourg, m’a paru être composée de 3500 à 4000 habitants. Comme toutes les villes arabes des Comores, M’Samoudou est plongée dans un profond silence pendant le milieu de la journée ; il ne passe dans ses ruelles désertes que quelques habitants affairés et des esclaves. En fait d’animaux on ne rencontre que des chats, des poulets et des chèvres ; il n’existe pas dans toute l’île un seul chien ni un seul cochon. Les femmes arabes restent dans l’intérieur des maisons pendant la journée ; elles ne sortent que le soir, voilées ou masquées ; quelques Antalotes, que nous rencontrâmes, s’enfuirent comme des oiseaux effarouchés ; les négresses même étaient plus timides qu’à Mohéli et à la Grande Comore ; et il est possible que nous n’aurions pas eu le bonheur de voir une seule véritable Anjouanaise sans la présence de Mme de F. Dès que la nouvelle se répandit qu’une dame française venait d’entrer à M’Samoudou, tous les guichets se garnirent de têtes, et les terrasses des maisons se couvrirent de femmes arabes drapées dans leurs pagnes, la plupart jolies et presque blanches, car la race arabe est très belle à Anjouan. Toutes ces femmes en voyant Mme de F., du haut de leurs terrasses, paraissaient extrêmement surprises et riaient aux éclats dès que nous étions passés. Je ne pouvais me rendre compte de cette bruyante gaîté,