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construite ; l’esplanade est en terre, battue entre quatre murs fort épais, et élevée à 10 pieds au-dessus du sol ; à partir de cette hauteur elle est entourée d’un parapet épaulé, percé d’embrasures pour 21 canons. Avant le bombardement de 1867, elle était armée de 2 caronades de 24, de 7 pièces longues de 18 et de 12, de 9 vieux canons de 6 et de 4, en fonte, et de 3 petites pièces en bronze, du calibre 2. La batterie est fermée à la gorge par un mur sans ouvertures, de 15 pieds de haut, et il serait très difficile de l’emporter de vive force, sans avoir fait brèche. La garde du palais est confiée à une cinquantaine de Mohéliens vêtus de tuniques de drap rouge et de caleçons blancs, et coiffés de mîtres rouges de même forme que celles des évêques. Chaque soldat porte un fusil à pierre avec sa baïonnette, un briquet ; une giberne et deux sagaies qui constituent, certes, la partie la plus dangereuse de son armement ; les fusils sont vieux et les lumières sont tellement élargies qu’au moment de faire feu, les Mohéliens ont grand soin de détourner la tête pour ne pas être aveuglés, ce qui ne contribue pas à la justesse de leur tir ; en revanche, ils lancent la sagaie très adroitement. Cette garde a une musique composée d’une grosse caisse, de cymbales, de fifres et de tambours. Je rencontrai à Fomboni un Arabe, fort intelligent, que j’avais vu souvent à Mayotte, Amissi-ben-Abdallah, aujourd’hui gouverneur de Mohéli ; il me conduisit dans sa maison et m’offrit du sirop de roses dans des verres à pied de cristal taillé, sur un plateau de cuivre pointillé. La première pièce était, comme chez tous les