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qui se montrent librement aux Européens. La ville est absolument privée d’eau douce. Pendant les pluies, on recueille l’eau du ciel dans des sajoies pour la consommation journalière, et on l’emmagasine dans des citernes pour attendre la saison sèche. Quand elle manque, on a recours au lait de cocos. Au bord de la mer, un trou dans les rochers, fournit un peu d’eau ; mais cette eau, sale et saumâtre, n’est pas potable. On ne voit, aux abords de la ville, que des bananiers, des cocotiers, des manguiers, des champs de manioc, de maïs et de patates, des citrouilles, des haricots du pays, etc., çà et là quelques tamariniers et baobabs ; plus loin, des pâturages, avec de nombreux troupeaux, et des broussailles. La terre est rouge, finement pulvérisée, semée de blocs de laves et de bombes volcaniques ; elle paraît très fertile. Enfin on annonça le bœuf ; nous allâmes prendre congé d’Achmed et nous descendîmes au bord de la mer. C’était un magnifique taureau, à loupe sur le dos, comme tous les bœufs des Comores, fort gras et d’un bon poil. On le conduisit, précédé d’une génisse, sur une plate-forme de rochers enfermée entre le mur de la ville et le bassin où était mouillée notre baleinière. Pensant qu’il ferait quelques difficultés pour se laisser découper, nous montâmes, prudemment, sur le boutre qu’Achmed faisait construire. Le taureau se promenait lentement, aspirant l’air et regardant avec inquiétude la foule qui l’entourait ; tout à coup nous le vîmes s’abattre et se relever péniblement sur trois jambes ; un Comorien, se glissant traîtreusement derrière lui, lui avait coupé un