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toutes bâties en corail et en béton, mais ruinées et découvertes ; ou plutôt, on a réduit la toiture et le logement à une partie seulement de chaque maison. C’est, du reste, un caractère commun à presque toutes les villes murées des Comores ; leur aspect misérable témoigne de la décadence marquée de leur population qui a dû connaître des temps meilleurs. Les rues ou, pour mieux dire, les ruelles sont étroites, ravinées, pierreuses et infectes. A part la mosquée neuve de l’entrée, aucun monument n’attirent les regards. En 1867, j’accompagnai M. Pompon, second de l’Indre, dans une visite qu’il fit au sultan Achmed, au nom de M. Fournier, commandant le bâtiment de guerre français. On nous conduisit à une maison de chétive apparence que rien n’indiquait être une demeure royale ; nous entrâmes dans une première pièce meublée de kibanis et de nattes assez sales ; les murs, jadis blanchis à la chaux mais alors d’une malpropreté repoussante, étaient ornés de trois assiettes, d’une bouteille vide, de deux outres, d’un bouclier rond en peau de rhinocéros, et de deux sabres ; le tout accroché à des clous ; deux appliques en bois, grossièrement sculptées, portaient, sur trois tiges de bois, deux coquillages (turbos) qui servaient de lampes ; une niche pratiquée dans le mur renfermait de la vaisselle et divers objets ; un rideau d’étoffe couvrant une porte intérieure empêchait de voir le reste des appartements. Achmed nous accueillit cordialement. C’est un vieillard robuste, d’environ quatre-vingt ans, à barbe blanche et bien fournie, très vert, et d’une grande taille