Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/133

Cette page n’a pas encore été corrigée

ravager, et y commettre le meurtre et le pillage. Partout nous rencontrâmes les traces de ces pirates, et on nous expliqua que toutes les petites pyramides blanches qui se voient sur le rivage, étaient des monuments élevés par la superstition arabe, pour se préserver de ces hordes sanguinaires. En quittant le territoire de Babaouna, nous tombâmes sur celui de Moinanaon, et à la nuit nous mouillâmes dans un creux du récif qui borde la plage de Moutchamioli, but de notre voyage. Nous étions partis à huit heures du matin, et avions fait environ douze lieues. Notre réception fut ce qu’elle devait être, étant venus avec le père du sultan ; d’ailleurs, le bon Achmet, qui avait une maison neuve, construite par les soins de son fils, nous la céda, et il alla, ce que nous apprîmes ensuite, loger lui-même dans une mauvaise cabane. De suite les canapés, les nattes, tous les objets indispensables nous furent apportés ; et comme nous avions avec nous ce qu’il fallait de provisions de bouche, nous fûmes promptement installés. Notre demeure devint le centre des réunions ; tout le monde y accourait pour nous souhaiter la bienvenue ; et, pendant que les chefs nous remerciaient de ntore bonne amitié, les deux sultans, qui ne nous quittaient presque pas, nous comblaient de prévenances. Après une nuit de repos, nous profitâmes des bonnes dispositions de notre vieux compagnon, et nous entreprîmes avec lui une longue promenade dans la campagne. Il nous fit d’abord parcourir un sol dont la fertilité nous surprit.