Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/110

Cette page n’a pas encore été corrigée

unes sont faites d’un seul tronc de takamaka, creusé au feu et à la gouge en ménageant les encoches des bancs et l’emplanture du mât ; elles sont arrondies et terminées, à chaque extrémité, par une pomme qui sert à amarrer la voile, faite de rabanes ; cette espèce de voile, forte et légère, a l’avantage d’augmenter très peu de poids lorsqu’elle est mouillée ; les cordages sont en brou de cocotier. Ces pirogues pontées à l’avant et à l’arrière, ont de six à dix bancs, et, suivant leurs dimensions, peuvent contenir de deux à vingt personnes. Avant de les mettre à l’eau, on les imprègne d’huile de requin. Toutes ont un balancier sur lequel passe une partie de l’équipage lorsqu’on marche à la voile et que le vent fraîchit ; sans cette précaution, la pirogue chavirerait ; lorsque la balancier est sous le vent, deux hommes passent sur les perches de soutien du balancier, qui dépassent la pirogue d’environ 1,50 m.

L’autre espèce, appelé lakampiar, est fait de plusieurs morceaux ; elle est très étroite, taillée en lame de couteau, et ne pourrait tenir sur l’eau sans balancier ; on lui en donne ordinairement deux ; l’avant très effilé et légèrement relevé se termine par un tranchant vertical surmonté d’une volute ; souvent on y peint deux grands yeux qui lui donnent l’air d’un poisson ; elle marche également à la voile et à la pagaie, mais elle n’est pas capable de tenir contre une grosse mer, comme l’autre peut le faire.

Avec les pirogues d’une seule pièce, les noirs passent fréquemment d’une Comore à une autre, quelquefois même des pêcheurs sont arrivés de Madagascar à Mayotte dans de semblables pirogues, faisant en