Page:Georges Damian Mousme d amour 1928.djvu/8

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 6 —

et ses moyens. Elle était devenue maladroite comme une vierge, et cela ne faisait pas mon affaire, car, moi même, je manquais d’allant. Enfin, couci-couça, nous vînmes à bout de réjouir le bandit, sérieux comme un préfet, qui nous admirait avec une visible curiosité.

J’espérais être débarrassé du type après cette comédie qui n’avait pas été facile. Que voulez-vous ? Nous sommes beaucoup comme ça en France. Je perds mes moyens quand je sais que l’on me regarde. Mais enfin, on peut simuler…

Mais, là-dessus, le bandit me dit qu’il est heureux comme un dieu de ce que je viens de faire pour lui et qu’il veut en immortaliser le souvenir.

Il tape du pied, une espèce d’individu pouilleux et multiplement armé, entre, et, sur un signe, coupe proprement la tête de ma Chinoise, puis il emporte l’amoureuse en deux tronçons.

— Tu comprends, me dit le loustic, qu’elle n’aurait plus jamais connu un amoureux aussi noble et ardent que toi. Par conséquent, c’est la rendre heureuse pour l’éternité…

Il se fichait du monde, ce bougre-là, et moi, sachant que l’on n’entendrait pas au camp mes coups de revolver, je ne savais que penser et que faire.

Ce n’est pas à dire que je pleurasse la petite prostituée chinoise mise à mort sans façons. D’abord, en Chine, la vie humaine est une valeur extrêmement dépréciée. On ne se gêne pas pour occire sans jugement, dans un théâtre, celui qui rit trop fort ou pas