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de ses ornements et réduite à la vêture de son corps, d’ailleurs joli, la porte, dis-je, s’ouvre d’un coup brutal et un Chinois à face de bandit apparaît.

Il avait la face de bandit et le reste. C’en était un des plus authentiques. Il venait, avec une trolée de gars bons à pendre, rançonner la fumerie-lupanar.

Il y a, dans ces situations, le parti, en quelque sorte héroïque, qui consiste à se faire tuer. J’avais mon Mauser dans son étui de bois, qu’il suffit de visser à la crosse pour transformer le tout en carabine. Je pouvais envoyer le survenant vers ses aïeux et tenter de soutenir un siège contre le reste. Je préférai affecter la dignité orientale et offrir à mon bandit une tasse de thé.

Aussi bien, il était poli, confit en salamalecs, plein de sourires à mon endroit, et rien ne semblait indiquer qu’il me voulût du mal.

Il but le thé et me demanda, avec des raffinements de courtoisie, de lui faire voir comment j’opérais avec la Chinoise. Il tenait absolument à emporter le souvenir de ce spectacle. Avec la même politesse, je lui dis qu’il m’était agréable de lui donner cette satisfaction.

Et je m’efforçai de lui prouver que les gens de mon pays ne sont pas moins estimables devant une belle fille que devant un pont à bâtir…

Au vrai, ce ne fut pas très facile, cette opération amoureuse de commande. La Chinoise terrifiée, et prévoyant sans doute mieux que moi les suites de l’aventure, venait de perdre d’un coup sa science