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et une mélancolie sourdait du paysage entrevu par ce rectangle bordé de masques chinois.

Je me retournai vivement pour ne point perdre ma volonté, que la tristesse bientôt crépusculaire m’aurait enlevée.

Le bandit remarqua :

— Tu parais perdre confiance en toi même quoique tu sois en avance sur ce que j’attendais.

— Non, dis-je, mais dans mon pays, nous sommes ainsi faits que les transformations de la nature nous émeuvent jusqu’à nous enlever le désir.

— C’est bien étrange.

— Toutes les races trouvent étrange le comportement des autres races.

— C’est vrai.

La fille de Tchi, cependant, s’efforçait, par des attitudes lascives, de m’attirer à nouveau vers elle. Le pirate le vit.

— Ton amoureuse te guette. Elle est en folie et tu n’en trouveras jamais d’aussi désireuse de te plaire. Qu’attends-tu ?

Je haussai les épaules. Il devenait ennuyeux, avec ses questions saugrenues cet homme. Il outrait à l’excès le goût des gens d’Asie pour les commentaires et les questions. Ça finissait par m’agacer.

Je n’avais qu’un moyen de cesser une conversation devenue horripilante, c’était de joqueter avec la fille du mandarin. Ce n’était pas que je ne fusse saturé de cet amour jaune. Mais enfin, outre mon intérêt certain, et ma sauvegarde, car le bandit ne