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en même temps Verbe, esprit et force. Aussi a-t-il été nommé dès le principe le Fils de l’Homme, même avant qu’il fût homme, parce qu’il devait le devenir, comme Daniel l’annonce quand il dit : « J’ai vu le Fils de l’Homme qui s’avançait sur les nuées[1]. » Le prophète a donc eu raison de le nommer dès-lors le Fils de l’Homme, quoiqu’il ne fût encore que le Verbe dans le ciel.

V. Noétius insiste et m’oppose un autre passage de l’Écriture, où il est dit : « C’est là le vrai Dieu, et aucun autre ne sauroit lui être comparé[2]. » Le prophète dit vrai. En effet, qui pourrait être comparé à Dieu le Père ? C’est lui qui est notre Dieu, et personne ne sauroit être égal à lui : « C’est lui qui a trouvé toutes les voies de la vraie science, et qui l’a donnée à Jacob son serviteur, et à Israël son bien-aimé[3]. » Le prophète a encore raison ici ; qui, en effet, est l’enfant de Jacob, et le bien-aimé d’Israël, si ce n’est celui que Dieu a annoncé au monde, quand il a dit : « Celui-là est mon Fils bien-aimé, dans lequel j’ai placé mon affection ; écoutez-le[4]. » C’est lui à qui le Père a communiqué toute science, lui qui est le parfait Israël et le vrai Jacob. Plus tard, il a été vu sur la terre, et il a conversé avec les hommes. Que faut-il entendre par Israël, si ce n’est l’humanité élevée jusqu’à Dieu ? Or, celui qui voit Dieu, ce ne peut être que son Fils, parfait dans son humanité, et qui seul connaît et peut révéler les profonds desseins du Père. Car si Jean dit[5] : « Nul n’a jamais vu Dieu, si ce n’est le Fils unique qui est dans le sein du Père, et qui nous l’a révélé ; » et plus loin[6] : « Lui qui est descendu du ciel, et qui a raconté ce qu’il y a vu ; » c’est donc lui à qui le Père a communiqué toute science ; qui a été vu sur la terre, et qui a conversé avec les hommes.

VI. Or, quand l’Apôtre Paul dit[7] : « De qui les Pa-

  1. Dan. vii, 13.
  2. Baruch, iii, 36.
  3. Id. iii, 37.
  4. Math. xvii, 5-3-17.
  5. Jean. i, 18.
  6. Id. iii, 2-13.
  7. Ad Rom ix, 5.