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SEPTIÈME FRAGMENT DU MÊME DISCOURS.


Il ne faut donc pas dire que la chair revêtue par le Christ dans l’Incarnation faisait partie de sa propre essence, et que l’Incarnation elle-même était dans sa nature divine ; car on s’exposerait par là à lui attribuer des actes sans rapport avec sa puissance et avec sa majesté, et à ravaler sa divinité jusqu’aux choses bien au-dessous d’elle, ce qui serait une prétention impie.


HUITIÈME FRAGMENT DU MÊME DISCOURS.


L’erreur sur ce point vient de ce qu’on a considéré comme divine l’opération qui est propre à la chair ; quoiqu’il soit vrai de dire que cette opération s’est manifestée ensuite par des actes miraculeux par l’effet de la puissante intervention du Christ, en sa qualité de Dieu. On n’a pas voulu comprendre qu’on ne peut admettre de changement de la nature divine en une autre substance, sans admettre sa convertibilité. Nos adversaires n’ont pas non plus voulu comprendre, quoique ce soit une vérité évidente, que la chair n’a pas en elle-même la puissance de produire ce qui sort de son sein. Ainsi, quand je parle avec ma langue ou quand j’écris avec ma main, je produis de deux manières différentes le même acte de mon intelligence. Mais il n’y a aucune nécessité pour que cette opération naturelle et qui existe dans mon esprit, se produise au dehors plutôt par ma langue que par ma main ; et ce n’est pas la faculté de cette double manifestation qui est la cause que ma pensée est produite ou exprimée. Car personne n’a jamais vu ni une langue, ni une main, douée de la faculté de penser : de même la chair, quoique sanctifiée par Dieu, qui l’a fait servir à un acte divin, ne devient pas créatrice par cela même. Mais il faut reconnaître que Dieu, pour notre salut