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NOTICE SUR LA VIE

méditer l’Écriture sainte, qu’il apprit entièrement par cœur. Repoussant les secours de ses amis, il n’en conservait pas moins une inaltérable douceur. Sa foi, ses lumières et ses vertus lui attirèrent des disciples de toute sorte, peuple, philosophes, savants et païens.

En 204 la persécution fut cruelle, sous l’édit de l’empereur Sévère et les ordres du préfet Aquila. Sept disciples d’Origène souffrirent le martyre, les deux Serenus, Héraclide, Héron, une jeune fille, Héraïs, qui fut brûlée, Basilide, qui avait conduit Potamiène au supplice et qui était revenu Chrétien, et enfin le jeune Plutarque, qu’Origène assista au moment de son martyre.

Il avait bien sa part dans chacune de ces persécutions. Allant sans cesse encourager et exhorter ses disciples et ses frères, il était poursuivi et obligé chaque jour de chercher un nouvel asile. Il fut pris plusieurs fois et appliqué à la question. Une fois entre autres il fut rasé comme les sacrificateurs idolâtres, et placé à la porte du temple de Sérapis, pour distribuer des branches de palmier à ceux qui s’y rendaient. Origène, en les remettant à chacun d’eux, ajoutait à haute voix : « Tenez, recevez ces palmes, non comme celles de votre idole, mais comme celles de Jésus-Christ. »

Jeune et forcé par ses fonctions de catéchiste à des relations continuelles qui pouvaient mettre en péril la pureté de ses mœurs, Origène voulut se placer au-dessus des tentations et même des rapports de la calomnie. Plus savant que sage, il prit à lettre le paragraphe 12 du chapitre xix de l’Évangile de saint Mathieu, et se porta sur lui-même à une coupable mutilation. Il se cacha de ses amis, mais non, à ce qu’il paraît, de son évêque, Démétrius, qui l’en reprit avec fermeté, et l’autorisa à continuer ses fonctions, en lui ordonnant toutefois de tenir secrète cette action qu’Origène lui-même condamna depuis, en réfutant l’interprétation grossière qu’il avait donnée à ce passage de l’Évangile.

Il fit un voyage à Rome sous le pontificat de Zéphyrin, et revint presque aussitôt à Alexandrie. Le nombre de ses disciples était extrême, car il ne se bornait pas à l’enseignement de la doctrine chrétienne ; il y ajoutait les lettres, les humanités, la philosophie, la géométrie, qu’il avait cultivées afin de se rendre plus digne de l’étude des saintes Écritures. Aussi