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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Le grand Parménide, ainsi que l’appelle Platon dans le Sophiste, s’exprime ainsi sur Dieu :

« Il n’a point commencé, il n’aura jamais de fin unique, non engendré, universel, inébranlable. »

Selon Hésiode :

« Vous êtes le roi et le souverain de tous les immortels. Qui pourrait vous disputer l’empire ? Personne. »

La tragédie elle-même arrache l’homme au culte des idoles et l’enseigne à lever ses regards vers le ciel. Sophocle, en effet, au rapport de l’historien Hécatée, dans son livre intitulé : Abraham et les Égyptiens, s’écrie du haut de la scène tragique :

« Dans la vérité, il n’y a qu’un Dieu qui a fait le ciel et la terre, et la mer azurée et les vents impétueux. Faibles mortels que nous sommes, dans l’égarement de notre cœur, nous dressons aux dieux des statues, comme pour trouver dans ces images de bois, d’airain, d’or, d’ivoire, une consolation à nos maux. Nous leur offrons des sacrifices ; nous leur consacrons des jours de fête, nous imaginant qu’en cela consiste la piété. »

Euripide va prêter le même langage à la tragédie :

« Vois-tu l’air qui s’étend au-dessus de nos têtes, libre, immense, sans bornes, et enveloppant la terre de ses humides embrassements. Dis-toi à toi-même : Voilà Jupiter ; voilà Dieu. »

Le même poëte laisse échapper ces accents dans sa tragédie de Pirithoüs.

« Je t’invoque, Être né de toi-même, toi qui entraînes toute la nature dans le tourbillon de l’éther, toi que la clarté du jour et les ténèbres de la nuit et le chœur innombrable des astres environnent sans cesse de leur pompeux cortége. »

Par ces mots être né de toi-même, le poëte entend l’intelligence créatrice. Les vers qui suivent s’appliquent au monde, théâtre où l’ombre lutte contre la lumière. Eschyle, fils d’Euphorion, définit Dieu avec une majestueuse gravité :

« Zeus est l’air ; Zeus est la terre ; Zeus est le ciel ; Zeus est