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truit, qu’un tremblement de terre ébranle et renverse, que l’injustice des tyrans vous ravit ? Tournez vos vœux vers les palais célestes. Y voulez-vous régner avec Dieu ? Un homme vous les ouvrira. Partagez avec lui vos trésors terrestres ; il partagera avec vous les trésors du ciel. Pressez, priez, suppliez pour qu’il accepte vos bienfaits. Craignez surtout qu’il ne les refuse. Il ne lui est point ordonné de les recevoir, il l’est à vous de les lui offrir. Le Seigneur enfin n’a point dit : Offrez, donnez, soyez bienfaisant et secourable, il a dit : « Faites-vous un ami. » Pensez-vous qu’un ami s’acquière par quelques présents ? Non, il y faut une longue habitude, une longue suite de soins et de bienfaits. Pensez-vous qu’il suffise d’être fidèle, patient, charitable un seul jour ? Non, il faut l’être tous les jours de votre vie. Celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé.

Comment un homme nous distribuera-t-il les trésors du ciel ? Écoutez ce que dit le Seigneur : « Je ne donnerai pas seulement à mes amis, mais aux amis de mes amis. » Eh ! qui est l’ami de Dieu ? Ce n’est point à vous à juger lequel de vos frères est digne ou indigne de ce nom. Vous pourriez vous tromper en choisissant. Ne choisissez donc pas. Donnez à tous indistinctement ; n’enchaînez point votre bienfaisance par la crainte de la répandre sur ceux qui en sont indignes. Vous pourriez, par cette précaution dangereuse, passer sans les secourir auprès des amis de Dieu, et un seul, vous le savez, un seul d’entre eux que vous négligez de secourir, vous rend digne du feu de l’enfer. D’ailleurs, en donnant à tous ceux qui sont dans le besoin, vous donnerez infailliblement à celui qui peut faire votre salut auprès de Dieu. « Ne jugez point de peur d’être jugés. La mesure que vous ferez aux autres est celle qui vous sera faite. Dieu vous la rendra bonne, pleine et surabondante. » Ouvrez donc vos entrailles à tous vos frères inscrits au nombre des disciples du Seigneur, n’en repoussez aucun par dégoût de leur âge, de leur faiblesse ou de leur laideur. Ces haillons qui les couvrent, ces maladies qui rendent leur corps difforme ou défigurent leur visage, loin de vous inspirer de l’aversion, doivent, par un juste retour sur vous-mêmes, vous faire réfléchir