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parce que vous n’en étiez pas alors capables. » C’est-à-dire que vous ne soupçonniez pas qu’il y eût d’autre nourriture que le lait qui est cependant une nourriture aussi substantielle que les autres. Car le Verbe est tour à tour doux et fluide comme le lait, tour à tour compacte et resserré comme les autres aliments. En y réfléchissant bien, nous comparerons le lait à la prédication de la parole divine qui coule et se répand de tous côtés, et la nourriture solide à la foi qui, aidée de l’instruction, devient le fondement inébranlable de toutes les actions. Par cette nourriture, notre âme se change pour ainsi dire en un corps ferme et solide. Telle est la nourriture dont le Seigneur nous parle dans l’évangile selon saint Jean, lorsqu’il nous dit : « Mangez ma chair et buvez mon sang. » Cette nourriture est une image évidente de la foi et de la promesse. Par ce breuvage et cet aliment l’Église, semblable à un homme formé de plusieurs membres, est arrosée et solidifiée. Elle nourrit son corps et son âme : son corps, de foi ; son âme, d’espérance. Elle devient comme le Seigneur, qui est un composé de chair et de sang. L’espérance est le sang de la foi, c’est elle qui l’anime et la fait vivre dans notre âme. Détruisez l’espérance, la vie de la foi s’éteint comme celle d’un homme qui perd son sang.

Si quelques personnes veulent s’opiniâtrer à dire que l’apôtre, sous le symbole du lait, a entendu parler des premières instructions qui sont comme la première nourriture de l’âme, et que par les aliments plus solides il a entendu les connaissances spirituelles qui leur servent de degré pour arriver à une plus haute science, qu’ils sachent, lorsqu’ils disent que la chair et le sang de Jésus-Christ sont une nourriture solide, que cette science, dont ils sont si vains, les abuse. Le sang est, en effet, la première chose qui se fasse dans la formation du corps de l’homme. C’est même pour cela que quelques philosophes n’ont pas craint de le regarder comme l’essence de l’âme. Le sang, après que la femme a conçu, change de nature comme par une espèce de coction. Il s’épaissit, il se décolore, il perd de la vie. L’amour matériel croît en même temps pour assurer l’existence de l’enfant. Le sang est plus fluide que la chair ; car il