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qu’elle l’eût entrevu, brillant de tant de gloire et de majesté, elle rassembla ses forces et accourut vers lui. Le Paraclet la rendit intelligente, et aussitôt ses souffrances disparurent ; non qu’elles pussent être entièrement anéanties comme celles de la première Sophia, car elles avaient jeté de profondes racines et s’étaient singulièrement développées. Il ne fit que les séparer, les diviser, et puis les agglomérer en un seul point, les métamorphoser, de telle sorte que d’affections immatérielles, elles vinrent à l’état de corps ; il les rendit ensuite aptes à toute cohésion, et douées d’une double essence ; l’une mauvaise, sujette aux passions ; l’autre exposée à ces mêmes passions, mais capable de retour ; et c’est même de la puissance de celle-ci qu’ils disent que le Sauveur est né. Libre enfin de sa passion, éblouie et ravie par les corps lumineux qui l’entouraient, c’est-à-dire par les anges, elle s’unit à eux, et donna devant eux naissance à de nouveaux êtres, êtres spirituels semblables à elle et aux satellites du Sauveur.


CHAPITRE V.


Formation de Demiurgos ; ce qu’il est ; sa qualité de créateur de tout ce qui existe hors du Plerum.


Il naquit trois êtres de cette union, suivant les valentiniens : l’un de la passion et tout à fait matériel, l’autre de la conversion et tout à fait animal, le troisième tout spirituel ; elle songea ensuite à leur donner une forme. Le spirituel n’en put recevoir aucune, parce qu’il était de la même essence que sa mère ; elle s’appliqua donc de nouveau à donner une forme à celui qui était né animal, au jour de sa conversion : alors furent révélées les doctrines du Sauveur.

En premier lieu, on vit naître de la substance animale le créateur et le souverain de tout ce qui existe ; tout ce qui pouvait lui être consubstantiel, tant les êtres animés appelés par les valentiniens êtres premiers, que ceux qui sont les produits de la passion et de la matière, c’est-à-dire les êtres secondai-