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l’esprit n’avait jamais été grave, avaient surtout le besoin de savoir ; et, comme ils ne trouvaient rien dans leurs philosophes, ils s’emparèrent bientôt avec empressement des croyances les plus fortes que leur offraient la Palestine, l’Égypte, la Chaldée, la Perse et l’Inde, et bientôt plusieurs d’entr’eux vinrent demander au Christianisme ce qu’ils avaient cherché vainement partout ailleurs. Le Christianisme vit bientôt ses oratoires s’élever sur les bords de l’Euphrate et du Gange comme sur ceux du Nil et du Tibre, et les plus notables de ses prosélytes étaient précisément ces hommes qui avaient déjà cherché la vérité dans plusieurs sanctuaires ou dans plusieurs écoles.

« En embrassant la religion chrétienne, les hommes qui la préféraient à toutes les autres se proposaient sans doute de bonne foi de renoncer à ces dernières ; mais façonnés, pour ainsi dire, par l’habitude de se composer un système avec tous les systèmes, ils confondirent bientôt la religion et la philosophie, l’enseignement public et les traditions mystérieuses. Les nouveaux convertis, conservant leur esprit propre et leurs habitudes d’esprit et de cœur, voulurent bientôt remplir, par leurs propres ides, les lacunes qu’ils croyaient voir dans le Christianisme. Leurs successeurs, plus hardis, affirmèrent qu’en général les écrits primitifs des apôtres étaient non-seulement incomplets, mais que les dogmes qui y sont exposés devaient recevoir des mains de la philosophie l’ordonnance systématique qui lui manquait. Plus tard, d’autres docteurs, fidèles aux antiques traditions des sanctuaires et des écoles, replacèrent, pour