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SAINT IRÉNÉE.

ni vos frères, ni vos parents, ni vos voisins qui seront riches, de peur qu’ils ne vous invitent aussi à leur tour, et qu’ainsi ils ne vous rendent ce qu’ils avaient reçu de vous. Mais lorsque vous donnez un festin, appelez les pauvres, les infirmes, les boiteux et les aveugles, et vous serez heureux, parce qu’ils n’auront pas à vous le rendre ; et il vous sera rendu au jour de la résurrection des justes. » Il disait encore : « Quiconque aura quitté sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses champs à cause de mon nom, recevra le centuple et possèdera la vie éternelle. » Or, que peut signifier cette récompense au centuple, ces banquets promis à ceux qui sont pauvres, et ces repas qui seront rendus, si ce n’est que tout cela aura lieu lors du règne des justes sur la terre, c’est-à-dire au septième jour de Dieu, le jour de la sanctification, celui du repos du Créateur, après la création, qui sera le vrai jour du sabbat des justes, durant lequel ils ne seront soumis à aucun travail manuel, mais s’assieront au banquet abondant que Dieu leur aura préparé ?

Cet événement est également prophétisé dans les paroles de la bénédiction qu’Isaac donna à Jacob : « Dès qu’Isaac sentit le parfum qu’exhalaient ses vêtements, il les bénit, disant : Voilà que l’odeur qu’exhalent les vêtements de mon fils est comme l’odeur d’un champ plein de fleurs, que le Seigneur a béni. » Et il ajoute : « Dieu te donne la rosée du ciel et de la terre, le blé et le vin en abondance ! et que les peuples te servent et que les tribus t’adorent ; que tu sois le seigneur de tes frères, et que les fils de ta mère s’abaissent devant toi ; que celui qui te maudira soit maudit ; et que celui qui te bénira soit rempli de la bénédiction du Seigneur. » Ce serait vouloir se jeter dans mille contradictions que de voir dans ces paroles que nous venons de citer autre chose que l’annonce du règne futur des justes sur la terre ; ce serait tomber dans toutes les erreurs des Juifs, touchant l’interprétation des Écritures. Et pour ce qui est de la bénédiction prophétique faite à Jacob, non-seulement il n’eut point, pendant sa vie sur la terre,