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SAINT IRÉNÉE.

Ainsi le Christ, par sa mort, a manifesté le testament de son Évangile qui a été lu au monde, et qui donne la liberté à tous ceux qui le servent fidèlement ; il les mettra ensuite en possession de son héritage qu’il leur a gardé et qu’ils posséderont par l’esprit, ainsi que nous l’avons déjà dit. Voilà donc quel est l’objet des exhortations de l’apôtre aux fidèles, afin qu’ils gardent précieusement en eux cet esprit, sans lequel ils ne peuvent obtenir l’héritage céleste ; et voilà pourquoi il leur dit que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume des cieux. C’est absolument comme s’il leur eût dit : Prenez bien garde de pécher ; car si le Verbe et l’esprit de Dieu n’habite en vous, tout ce que vous pourriez faire pour être sauvé ne servirait de rien ; et n’étant que chair et que sang, vous ne pourriez posséder le royaume céleste.


CHAPITRE X.


Nouvelles preuves à l’appui de la proposition traitée dans le chapitre précédent, tirée de la comparaison de l’olivier sauvage, qui, par la greffe, change de qualité en gardant la même nature ; de même l’homme, s’il n’est greffé sur l’esprit ne peut ni produire de bons fruits, ni posséder le royaume de Dieu.


Voici ce que nous dit saint Paul pour nous avertir de ne pas nous abandonner aux entraînements de la chair, et de nous mettre en communication avec l’esprit : « Et si vous, qui n’étiez qu’un olivier sauvage, avez été enté sur un bon olivier, vous prendrez part à la sève et au suc qui monte de la racine de l’olivier. » Si donc l’olivier sauvage, après avoir reçu la greffe, continue dans sa nature sauvage, il sera coupé et jeté au feu. Si, au contraire, cet olivier sauvage met à profit sa greffe et devient un bon olivier, dès-lors il porte de bons fruits, il est semblable à celui qui a été planté dans le jardin du maître. Il en est de même des hommes ; s’ils s’avancent par la foi dans le chemin de la perfection, en s’appropriant l’esprit de