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de l’homme, associant ce dernier à sa victoire. Or, les Juifs connaissaient à l’avance toutes ces choses ; et, s’ils ne voulaient pas croire, c’est parce qu’ils méprisaient les avertissements de Dieu. N’avaient-ils pas reçu la loi divine qui leur défendait l’adultère, la fornication, le vol, la fraude, et toutes les actions qui peuvent faire tort au prochain ? Ils savaient que Dieu avait en horreur de pareilles actions : il leur était donc plus facile de les éviter, parce qu’ils connaissaient la loi qui les défendait.

Quant aux gentils, au contraire, il fallait d’abord leur faire comprendre que de pareilles actions sont condamnables et qu’elles causent la perte éternelle de ceux qui s’y livrent. Ainsi, la mission de ceux des apôtres qui évangélisaient les gentils, était donc plus difficile que la mission de ceux qui prêchaient aux Juifs. Ceux-ci avaient pour eux les Écritures, qui contenaient la prédiction de tout ce qu’a fait le Christ sur la terre ; ils avaient été témoins de l’accomplissement de toutes ces choses. Mais quelle force d’éloquence ne fallait-il pas pour renverser tous les préjugés dont les gentils étaient imbu ? Il fallait non-seulement détrôner les objets de leur culte, mais leur persuader encore que ces fausses divinités étaient l’ouvrage du démon, et substituer, dans leur esprit, à ces folles croyances celle d’un Dieu unique, « qui est au-dessus de toutes les principautés, de toutes les puissances, de toutes les vertus, de toutes les dominations, et de tout ce qu’il y a de plus grand, soit dans le siècle présent, soit dans le siècle futur. » Il fallait leur faire croire et leur faire comprendre que ce Verbe, invisible de sa nature, s’était cependant fait matériel et visible parmi les hommes au milieu desquels il avait vécu ; « qu’il s’était abaissé et humilié jusqu’à la mort, et jusqu’à la mort de la croix ; » leur faire croire que ceux qui auraient foi en lui deviendraient incorruptibles et impassibles, et qu’ils auraient le royaume des cieux pour séjour. Et cependant, pour amener les gentils à comprendre ces vérités, on ne pouvait s’aider des Écritures qu’ils ne connaissaient pas ; voilà ce qui rendait beaucoup plus difficile la tâche de ceux qui s’étaient consacrés à la conversion des gentils. D’autre part, la foi des gentils qui ont cru à la parole