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tour la faute sur le serpent. Elle raconte ce qui s’est passé : « Le serpent, dit-elle, m’a trompée, et j’ai mangé de ce fruit. » Dieu n’interroge pas le serpent ; il savait bien que le démon, sous cette forme, était l’auteur principal de la désobéissance. Sa malédiction tombe d’abord sur lui, ensuite le reproche s’adresse à l’homme. Dieu hait d’abord le séducteur, ensuite il se laisse peu à peu toucher de compassion pour celui qui s’est laissé séduire.

Adam est donc chassé du paradis, et on l’éloigne de l’arbre de vie. Et ce n’est pas, suivant la téméraire interprétation de quelques-uns, par un sentiment de jalousie de Dieu contre l’homme, mais parce qu’il a pitié de lui et qu’il veut lui ôter l’occasion de retomber dans sa faute, afin qu’il se détache du péché et ne rende pas son malheur irréparable. Aussi, Dieu a-t-il voulu mettre une limite au péché, par le terme de la vie terrestre et par la dissolution du corps que la mort entraîne. Par cette dissolution du corps, l’homme meurt au péché, et commence à vivre de la vie éternelle.

C’est pourquoi Dieu établit une inimitié entre le serpent et la femme, et la postérité de celle-ci ; ils doivent être en guerre continuelle l’un contre l’autre, la femme cherchant à écraser la tête du serpent, le serpent cherchant à mordre l’homme au pied et à arrêter sa marche, jusqu’à la venue de celui qui devait définitivement écraser la tête du serpent, celui qui est né de la vierge Marie, et de qui le prophète avait dit : « Vous marcherez sur le lion et l’aspic, vous foulerez aux pieds le lionceau et le dragon. » Ce qui signifiait que le péché, qui était l’ennemi de l’homme, et qui le faisait mourir à la grâce, serait chassé avec la mort dont l’empire serait aboli ; que lorsque la fin des temps arriverait, le lion, c’est-à-dire l’antechrist, qui voudrait de nouveau faire retomber l’humanité dans le péché, serait écrasé par la puissance du Christ ; et que le dragon, qui est l’ancien serpent, serait enfin soumis à la puissance de l’homme et foulé aux pieds par lui, et sa puissance anéantie. Adam avait été vaincu ; il avait perdu la vie spirituelle : mais, son ennemi étant vaincu à son tour, Adam recouvre la vie. La mort, ce der-