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monde, que les prophètes auraient dû leurs inspirations ; ceux donc qui croient en lui et en Héléna doivent se soucier fort peu des prophètes, et agir en toute liberté. C’est par la grâce de Simon, et non par le mérite des œuvres de justice, que les hommes seront sauvés. Naturellement, suivant cet imposteur, il n’y a pas de justice ; cette vertu n’est qu’un accident dont les anges ont fait un principe, lorsqu’ils ont créé le monde, afin d’asservir davantage l’homme à leur domination. Liberté donc et rédemption, affranchissement complet de l’esclavage primitif, voilà ce que Simon disait apporter au monde.

Les prêtres qui prêchent ces dogmes mènent une vie fort déréglée et exercent la magie suivant leur degré de talents, faisant usage d’exorcismes et d’enchantements. Tout faiseur de prestiges, à quelque genre de divinisation qu’il se soit adonné, est en honneur parmi eux. Simon figure dans leurs adorations sous la forme et les attributs de Jupiter, et Hélène sous la forme de Minerve.

Le nom impie de simoniens, qu’ils se donnent, dérive de celui de leur chef ; c’est d’eux que sont venus les hommes de la fausse science, c’est-à-dire les gnostiques. C’est ce que nous démontrerons d’ailleurs.

Ménandre, qui lui succéda, naquit comme lui à Samarie, et comme lui excella dans les prestiges de la magie ; il proclama une puissance inconnue à tous, et se dit l’envoyé des êtres invisibles pour le salut du genre humain ; il dit comme Simon, que le monde est l’ouvrage des anges, et qu’ils ont été envoyés par Ennoia. C’est cette mère des anges qui a révélé à la terre la magie qu’il enseignait, afin que, par cette science, il pût triompher des anges qui ont fait le monde ; ses disciples admettent la résurrection par son baptême, et après ce baptême une immortalité sur laquelle le temps n’a plus d’empire.