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qui se trouvaient dans le paradis étaient bien supérieures aux autres en beauté et en saveur, puisque Dieu dit que c’est un jardin planté par lui-même ; cependant le reste du monde possédait aussi les mêmes plantes, si l’on en excepte les deux arbres de la vie et de la science, qui ne se trouvaient nulle autre part ailleurs. Ce paradis était un jardin, une terre, Dieu lui-même l’avait planté, comme nous l’apprend l’Écriture, lorsqu’elle dit : « Le Seigneur avait planté, vers l’Orient, un paradis de délices ; il y avait placé l’homme. Et Dieu fit sortir encore de la terre une multitude d’arbres beaux à voir et dont les fruits étaient doux à manger. » Ces mots : de terre et d’Orient, nous montrent clairement que le paradis était sous ce même ciel où se trouvent la terre et l’Orient. Le mot Éden est hébreu et signifie délices. Les saints livres nous apprennent aussi que de l’Éden sortait un fleuve, qui arrosait le paradis, et qui se divisait ensuite en quatre canaux ; les deux premiers, appelés Phison et Géhon, baignent les contrées orientales, le Géhon surtout enveloppe de ses eaux toute l’Éthiopie ; c’est encore lui, dit-on, qui coule en Égypte, sous le nom de Nil. Les deux autres, je veux dire le Tigre et l’Euphrate, nous sont bien connus ; car ils ne sont pas éloignés de nos contrées. Lors donc que Dieu eut placé l’homme dans le paradis, comme nous l’avons dit plus haut, afin de le cultiver et de le garder, il lui ordonna de manger de tous les fruits qui s’y trouvaient ; il lui défendit seulement de toucher à l’arbre de la science. Formé de terre, le voilà transporté dans un paradis ; Dieu voulait, par là, l’exciter à se rendre de plus en plus parfait, à se montrer Dieu en quelque sorte, et à s élever, par degrés, jusqu’au ciel, pour s’assurer l’immortalité. L’homme avait été créé dans un état intermédiaire, n’étant ni tout à fait mortel, ni entièrement exempt de la mort, mais il pouvait être l’un ou l’autre. Il en était de même du paradis qu’il habitait ; il tenait, par sa beauté, le milieu entre le ciel et la terre. Ces mots, pour travailler, veulent dire pour garder les commandements de Dieu, afin qu’il ne se perdît point par la désobéissance, ainsi que le malheur arriva.