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de la récompense que mérite une vie passée dans la vertu, malgré les combats qui viennent sans cesse d’un corps terrestre et sujet à la corruption.

Nous concevons très-bien que des créatures, qui n’ont été faites que pour l’usage d’autres créatures plus parfaites qu’elles-mêmes, cessent d’exister au même instant que ces dernières ne seront plus ; elles occuperaient alors une place inutile, et dans les œuvres de Dieu il n’est rien de superflu ; mais les créatures faites pour être et pour jouir de leur propre existence ne peuvent jamais périr entièrement par quelque événement que ce soit, puisque l’existence est leur fin propre, et qu’elle est même une partie de leur essence. Ainsi donc, l’homme qui a été créé pour vivre doit subsister éternellement, il doit faire et subir ce qui est conforme à sa nature, les deux parties qui composent son être concourant ensemble à la même fin. L’âme, conformément à sa nature spirituelle, doit se conserver pure et sans altération, et remplir les fonctions qui lui sont propres, c’est-à-dire régler les appétits du corps, porter un jugement sain sur tout ce qui arrive, faire tout avec poids et mesure ; pour le corps, il doit, selon sa nature, se prêter à tout ce que veut la raison, et subir les changements de l’âge, de la figure et de la grandeur, jusqu’au moment de la résurrection ; car elle n’est elle-même qu’une autre transformation, qui doit être la dernière de toutes, et faire passer à un état meilleur ceux qui vivront alors.

Nous sommes aussi certains de ce grand événement que nous le sommes de tant de révolutions qui se sont déjà passées sous nos yeux ; et quand je rentre en moi-même, un sentiment involontaire me fait aimer cette vie, bien que remplie de misères, parce que, après tout, elle convient assez à l’état où Dieu veut nous tenir ici-bas ; mais en même temps l’espérance me montre dans le lointain une éternité de bonheur, et cette espérance n’est point un rêve, elle n’est pas fondée sur la parole de l’homme, toujours trompeuse ; ce n’est point non plus une vaine illusion qui se joue de moi : quel gage plus certain puis-je avoir d’espérer ? J’ai pour garant de mon espoir le but que s’est pro-