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sostôme, Jésus-Christ lui avait donné sa mère ; Pierre était plus fervent, Jésus-Christ lui donna son Église.

Pierre arrivait d’Antioche, où il avait donné un nom nouveau, celui de Chrétiens, à des Juifs qui l’avaient entendu prêcher Jésus-Christ mort et ressuscité. Il n’était point resté à Jérusalem, parce qu’il devait être le chef, non d’une ville particulière, mais de l’univers. Il venait d’annoncer Jésus-Christ aux Juifs du Pont, de la Galatie, de la Bithynie et de la Cappadoce[1].

Claude, second fils de Crassus[2], petit-neveu d’Auguste, neveu de Tibère et oncle de Caligula, régnait alors. Un soldat, qui l’avait apperçu derrière une porte où il s’était caché pendant qu’on assassinait Caligula, l’avait salué empereur ; le sénat cédait aux soldats à qui Claude avait promis de l’or, et la populace, le voyant passer et croyant qu’on le conduisait à la mort, suppliait qu’on épargnât la vie du frère de Germanicus qu’on traînait à l’empire. Pendant cette scène, la femme de Caligula assise près du cadavre de son mari, sa fille dans ses bras, tendait son cou au bourreau, et la tête de sa fille était brisée contre la muraille.

Les armes romaines venaient de rendre la Comagène au roi Antiochus, le Bosphore cimmérien à Mithridate ; le roi de Judée Agrippa recevait les ornements de consul, et Hérode ceux de préteur. La Bretagne soumise donnait au fils de Claude le nom de Britannicus ; les Cates et les Maures étaient vaincus.

  1. « À juger de cette entreprise par les lumières de la raison, dit un biographe de saint Pierre, rien n’était plus insensé. Comment, en effet, un pêcheur ignorant pouvait-il se flatter de convertir la capitale d’un empire idolâtre, qui était en même temps le siége de toutes les sciences ! Quel succès pouvait-il se promettre en prêchant le mépris des honneurs, des richesses et des plaisirs dans une ville où régnaient l’ambition, l’avarice et l’amour de la volupté ? L’humilité du Calvaire n’était-elle point incompatible avec l’orgueil du Capitole ? L’ignominie de la croix ne proscrivait-elle pas cette pompe qui éblouissait les yeux du maître du monde ? Tant d’obstacles n’arrêtèrent pas le zèle de Pierre. »
  2. Second fils de Drusus et d’Antonia : il était né à Lyon, le 1er août de l’an de Rome 742.