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Ils prévoyaient bien sa fin prochaine et se promettaient bien d’empêcher l’élection d’un nouveau pape. Mais Dieu veut que Pierre ait des successeurs jusqu’à la fin du monde. Le vénérable Pie VI meurt à Valence. Et voilà que les Russes pénètrent comme un torrent en Italie, et la délivrent du joug de la république française, une et indivisible. Un conclave s’assemble à Venise ; Pie VII est élevé sur la chaire de saint Pierre, et la nouvelle philosophie est encore déjouée dans ses projets de destruction contre le catholicisme.

Plus tard, le conquérant qui gouverna la France envahit aussi la capitale du monde chrétien, en chassa le pape, le dépouilla de ses états et le fit transporter, d’abord à Savone, puis à Fontainebleau. Son dessein était que le souverain pontife eût désormais pour résidence Paris, et pour palais l’Archevêché, afin de l’empêcher, par une surveillance continue, de faire, sans autorisation, aucun acte de puissance, soit temporelle, soit spirituelle. Mais Dieu veut que le chef de son Église soit indépendant, et Bonaparte, sans s’en douter, s’en va briser lui-même son propre pouvoir contre les glaces de la Russie. Ne voyez-vous pas que sa sentence était écrite de la même main qui écrivit autrefois celle de Balthazar ? Pie VII délivré retourne à Rome, et les promesses faites à l’Église continuent de s’accomplir.

De nouvelles attaques appellent de nouveaux triomphes. Cette magnifique basilique que la piété et la reconnaissance avaient consacrée à Dieu, sous l’invocation d’une vierge qui fut patronne de Paris, est redevenue Panthéon, mot qui signifie temple de tous les dieux. Nous avons vu le sac de l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois et de l’Archevêché ; nous avons vu la hache et le marteau de l’impiété abattant de nouveau les croix des églises et les faisant rouler dans la rue au bruit des rugissements de l’enfer, selon l’énergique expression de M. de Schonen. Cette profanation fit jeter à M. Kératry un cri d’alarme et d’effroi devant la chambre des députés, qui ne le comprit pas ou feignit ne pas le comprendre : cela porte malheur, dit-il. Oui, cela porte malheur et vous le