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Avec l’ignorance vint le relâchement de la discipline et des mœurs. Il y eut du scandale dans la conduite, il n’y en eut point dans l’enseignement, et l’on vit la pure et sainte morale de l’Évangile constamment prêchée par ceux-mêmes qu’elle condamnait. Ennemis de la religion, continuez vos diatribes contre ses ministres ! Plus vous les décriez, plus vous prouvez que la foi ne vient pas des hommes : car si elle en venait, il y a longtemps que leurs passions et leurs vices l’auraient corrompue. Dans tous les temps, les mauvaises mœurs ont engendré les mauvaises doctrines, par la raison qu’il est dans la nature de l’homme de faire plier les maximes à ses inclinations, et de mettre son esprit d’accord avec son cœur. Qui donc a toujours préservé l’Église des mauvaises doctrines, sans la préserver toujours des mauvaises mœurs ? Répétons-le, c’est celui qui lui a promis de veiller à la pureté de son enseignement tous les jours jusqu’à la fin du monde. Disons toutefois, pour rendre hommage à la vérité, que ces siècles grossiers ne furent pas aussi dénués qu’on le prétend de science et de vertus. Rome fut toujours la plus éclairée des Églises pour les éclairer toutes, et de grands exemples de sainteté furent donnés au monde pour affaiblir la contagion des mauvais exemples.

La foi catholique a triomphé de l’ignorance des temps anciens. Nous allons la voir triompher des lumières de nos temps modernes.

Une ligue formidable fut formée par les beaux esprits du 18e siècle, sous le nom de philosophes. Ils ne se proposaient rien moins que d’effacer jusqu’aux dernières traces du Christianisme et même d’éteindre sur la terre tout sentiment religieux. De graves et fréquents avertissements furent donnés à l’autorité par les ministres de la religion. L’intérêt le plus pressant du gouvernement, comme son devoir le plus sacré, était de déjouer cette conspiration impie. Il n’en fit rien, et la révolution prédite par Voltaire, cette révolution qu’il n’aurait pas le plaisir de voir et dans laquelle les jeunes gens verraient de belles choses, éclata le 14 juillet 1789. Il peut en-